« Le changement se fait de lui-même quand le lieu d’où part le désir est libéré. » — Christiane Singer
La psychothérapie intégrative ne se définit ni par une méthode unique, ni par une posture figée, mais par une capacité à relier, à faire dialoguer les différentes dimensions de l’être humain : corporelle, émotionnelle, psychique, énergétique, symbolique, relationnelle et spirituelle. Elle repose sur une vision transversale, multiréférentielle et humaniste de l’accompagnement.
Une vision transdisciplinaire du soin
Ancrée dans l’approche psychosomatique, la psychothérapie intégrative postule que l’histoire de l’individu est inscrite dans son corps, dans ses émotions, dans son langage symbolique. Elle conjugue les héritages de la psychanalyse, des thérapies humanistes, corporelles et transpersonnelles.
Cette approche ne cherche pas à opposer méthodes et écoles, mais à intégrer les outils selon les besoins spécifiques de chaque personne. Le thérapeute devient alors un artisan de la transformation intérieure, un passeur de seuils, un témoin de la métamorphose.
Trois dynamiques d’accompagnement
La psychothérapie intégrative repose sur trois formes d’accompagnement principales, qui se tressent dans la pratique :
- L’accompagnement thérapeutique : au sens clinique, il soutient le sujet dans ses souffrances psychiques, somatiques, relationnelles. Il permet d’élaborer, de
comprendre, d’associer, de guérir. - L’accompagnement initiatique : il reconnaît les passages, les crises, les pertes comme des moments de possible transformation. C’est une approche de la psyché profonde, qui intègre les mythes, les archétypes, les rituels de passage, les dimensions
symboliques du processus de croissance. - L’accompagnement maïeutique : inspiré de Socrate, il consiste à « accoucher » l’autre de lui-même, non pas en l’enseignant, mais en le questionnant, en révélant son désir propre, en favorisant l’émergence de ses ressources et de sa vérité singulière.
Le thérapeute intégratif : passeur, ancien, aimant
Le praticien de la psychothérapie intégrative est moins un « expert » qu’un compagnon de route. Trois figures symboliques traversent sa posture :
- Le Passeur : il connaît les étapes, les détours, mais ne fait jamais la traversée à la place
de l’autre. - L’Ancien : riche de son expérience, il éclaire sans imposer.
- L’Aimant : il accompagne avec amour du vivant, ouverture à l’unique, respect de la
singularité.
Sa posture repose sur une éthique du non-savoir, de la présence, du non-jugement, une
ouverture au vide créateur, au mystère de l’être.
Une pratique du lien et de la transformation
L’approche intégrative conjugue plusieurs modes de savoir :
- Savoir-être : qualité de présence, écoute du silence, attention au subtil, accueil du non-dit.
- Savoir-faire : outils cliniques et corporels, art-thérapie, rituels, travail sur les rêves, les symboles.
- Savoir-relationner : conscience du transfert, posture ajustée, sens du cadre et du lien. Elle repose aussi sur un langage polyphonique : analytique, artistique, symbolique, énergétique. Le thérapeute peut ainsi s’appuyer sur les gestes, les formes, les images, les sons,
les rythmes autant que sur les mots.
Les deux grandes voies intégrées
La voie psycho-corporelle
Elle considère le corps comme mémoire vivante : il garde les traces des tensions, des interdits, des compensations. Le travail thérapeutique vise à libérer les cuirasses (Reich, Lowen), à faire circuler l’énergie vitale, à restaurer la connexion entre les sensations, les émotions et le sens. Les outils sont variés : bioénergie, rebirth, massage thérapeutique, travail postural, cri primal, mais aussi danse, mouvement expressif, respiration. Le corps devient le terrain d’une reconquête de soi, un lieu d’actualisation du désir.
La voie symbolique et transpersonnelle
Issue notamment des apports de C.G. Jung, cette voie invite à retrouver la fonction symbolique de l’existence, à rétablir le lien avec l’invisible, avec les archétypes du Soi, du
Héros, du Passeur, du Guérisseur. Elle explore les rêves, les mythes, les rituels, les pratiques chamaniques, les symboles issus des traditions du monde. Le but : réenchanter le lien à soi, à l’autre, au monde, et reconnaître que l’individu est aussi un être cosmique, habité par une intelligence plus grande que lui.
Une thérapie du lien, de l’âme et du sens
La psychothérapie intégrative est une thérapie du lien :
- Lien au corps et à la sensation
- Lien à l’émotion et à l’élan vital
- Lien à l’inconscient et aux archétypes
- Lien à l’autre, à l’altérité, au groupe
- Lien au monde, à la nature, au sacré
Elle répond à une quête existentielle : retrouver un chemin de cohérence, de guérison, de réconciliation, apprendre à mourir à ce qui est ancien, pour naître à une version plus vivante, plus libre, plus aimante de soi-même.
« Le rêve, c’est l’inconscient qui parle au conscient ; le rituel symbolique, c’est le conscient qui
répond à l’inconscient. » — C.G. Jung