Mystères d'Éleusis : Rite de fertilité, Sexualité et Mariage - Opus 1
Mystères d'Eleusis : Rites de Fertilité, Sexualité et Mariage
Aux origines de l'Écothérapie
Les mythes au chevet de notre planète
Opus 1 : Rites de fertilité, sexualité et mariage
Les peuples grecs anciens utilisaient des histoires sacrées appelées « mythes » (« mythos ») pour traduire leur compréhension de la nature d’eux-mêmes et de leur communauté. Différents récits sont arrivés jusqu’à nous et chaque récit se colore des influences des époques qu’il a traversé. Il en va de même pour le mythe de Démeter et Perséphone.
L’un de ces mythes nous parlent de deux déesses, Démeter et Perséphone et des Mystères d’Éleusis, auxquels elles présidaient. Les rites de Déméter étaient célébrés à Éleusis, près d’Athènes. Ils s’y sont développés pendant presque 2000 ans… Le premier autel à Déméter date de 1450 av. J.C. et les mystères furent les festivités les plus connues d’entre tous les évènements religieux grecs.
Dans les cérémonies dédiées aux deux déesses, il était d’usage d’exprimer la joie de la beauté, l’abondance de la nature, l’amour, la sexualité, la procréation et la renaissance de l’esprit humain, même en ce qui concernait la souffrance et la mort. Cette religion de la Mère Nature célébrait la naissance des enfants, la joie d’être en vie et le retour vers elle au moment du mourir... Déméter apporte deux présents, les plus grands qui soient : d’une part, les fruits de la terre grâce auxquels nous ne vivons plus comme des animaux et, d’autre part, les Mystères d’Eleusis et ceux qui y ont été initiés, connaissent l’espérance de la fin de leur vie pour l’éternité.
Terre, fertilité et descendance
Gaïa est la déesse grecque la plus ancienne. Elle est Terre-Mère à l’Origine du mythe. Démeter, comme sa grand-mère Gaïa est elle aussi considérée comme Terre-Mère. Les rites de Déméter étaient des rites de fertilité et honoraient Déméter la Grande Mère, pourvoyeuse d’enfants et de récoltes, ainsi que Koré, sa fille (aussi prénommée Perséphone) qui incarnait et à son tour porterait la nouvelle récolte.
Un des buts majeurs de la religion dédiée aux déesses Déméter/Perséphone étaient d’instruire les rites de fertilité et la vie des femmes. Ainsi, les unions sexuelles et les naissances étaient célébrées. Déméter était protectrice de la grossesse quand Perséphone était sage-femme. Les rites de Déméter étaient vécus avec la même intention aussi bien en ce qui concernait les récoltes abondantes que la descendance humaine.
A Éleusis, les prêtresses de Déméter étaient appelées « Initiés », -abeilles- pourvoyeuses de douceur... Des plantes spécifiques étaient spécifiquement consacrées à Déméter (le blé, l’orge, Harley symboles de fertilité, la grenade symbole de plaisir sexuel, et les coquelicots, symbole du sommeil et de la mort). Des animaux aussi étaient souvent inclus dans ces rituels : dauphins, colombes, chevaux, serpents). Les serpents, par exemple, protégeaient les récoltes des rongeurs et, parce qu’ils se dépouillaient de leur peau, ils étaient associés à la guérison et à la réincarnation. Le sphinx combine quant à lui les pouvoirs de tous les éléments. Je le considère, avec le serpent, comme le symbole majeur des religions archaïques matricielles. Durant les rituels à Déméter, les peuples fermiers invoquaient avec ferveur les forces créatives de la nature pour leurs récoltes, appelant le Ciel pour qu’il pleuve, qu’il verse, et la terre pour qu’elle soit féconde.
Selon les mythes, Déméter a ramené sa fille des Enfers, alors qu’Isis a ramené don bien-aimé Osiris à la vie après qu’il ait été tué par son frère Seth qui voulait prendre le pouvoir et s’accaparer le royaume d’Osiris. Déméter est proche d’Isis, déesse d’Égypte. Sur l’île de Délos, en Mer Égée, toutes deux furent consacrées côte à côte. Les deux déesses étaient adorées comme pourvoyeuse de blé, et de lois de la civilisation, comme guérisseuses et reines des morts.
L’histoire sacrée qui décrit l’histoire des deux déesses, mère et fille, met en lumière le fait qu’elles aient été associées aux cycles des saisons et de la nature (stérilité en hiver, fécondité au printemps), que l’on mettra en lien en psychothérapie avec les saisons de l’expérience humaine entre autres de la naissance et de la mort.
Sexualité & mariage
Comme cela a été dit en introduction, différentes versions du mythe existent et attestent d’une évolution des sociétés et cultures.
Pour les anciens grecs, l’amour sexuel était considéré comme l’un des mystères les plus profonds de la vie. L’amour sexuel était envisagé comme la participation du corps et de l’esprit humain aux énergies créatives de la nature et de l’univers. Déméter, avant d’être connue en Grèce était crétoise. Homère la décrivait comme « la déesse qui faisait l’amour dans les champs ». Déméter et Jason de Crète eurent un fils selon Hésiode nommé Pluton. Étymologiquement, Pluton, le riche, le pourvoyeur de richesses renvoie à l’abondance. Abondance était d’ailleurs l’un des noms de Déméter ainsi que l’un de ses attributs. Bien sûr, nous ne manquerons pas de noter que Pluton, le riche, fut l’un des noms donnés à Hadès, ravisseur de Perséphone et frère de Zeus. Hadès n’est jamais bien loin… Démeter était alors déesse de la sexualité sacrée.
Dans le récit d’Homère, Déméter ne se donne pas à Jason mais à ses sentiments amoureux, une expérience de type « thoumos » dans le texte qui sera traduit par le trio « esprit/passion/sentiment ».
Dans les versions du mythe plus tardives, Déméter est violée par Jason. Ainsi, ici, dans la religion de Déméter et de Perséphone apparaissent des récits de viols de la déesse par Zeus, Poséidon ou Hadès.
Dans les versions patriarcales du mythe et dans les rituels de l’époque athénienne, Déméter devient la mère désespérée qui cherche sa fille enlevée par Hadès et est de moins en moins la déesse de la sexualité sacrée et de la procréation qu’elle était en Grèce. Une rupture s’installe entre son rôle d’amante et de mère, alors que sa fille devenait l’objet du désir sexuel masculin.
Enfin, il y eut une importance croissante portée dans le mythe, les rituels et les légendes associés à Déméter sur le « fils saint ».Dans l’hymne homérique, on nous raconte qu’après que Déméter ait perdu sa fille, elle tenta d’adopter un fils humain, Démophon. Déméter chercha à le rendre immortel en le mettant la nuit dans un feu sacré. Mais la mère de l’enfant l’interrompit et Déméter s’en alla rageuse. Ayant perdu sa fille et maintenant un fils, le chagrin de Déméter fut encore plus profond. Elle s’isola dans le temple qu’elle fit construire à Éleusis. Elle ignora toutes les demandes des dieux et déesses qui voulaient qu’elle retourne sur le mont Olympe jusqu’à ce que Zeus décide de lui rendre Perséphone, sa fille.
Malgré, cette dégradation de l’élément féminin et sacré dans le mythe et au gré de l’évolution des sociétés et des cultures en Occident, malgré la prépondérance des dieux masculins dans la Grèce antique, Démeter et Perséphone, la mère et la fille, déesses, restèrent primordiales. L’une, sexuelle, fut honorée et célébrée comme sacrée, et l’enfant divin, fils ou fille, était accueilli avec joie et amour comme descendance de la Grande Mère qui donne récoltes et vies nouvelles à la communauté.
Il s’agirait ici de nous souvenir d’une époque centrée sur le féminin comme socle, suivi d’une séparation, d’un enlèvement, du déclin et de la mort d’un ancien mode de vie, auquel a succédé une nouvelle époque, patriarcale, une époque qui nous amène à aujourd’hui à nous tenir entre la paix et l’épée, l’homicide écologique ou la survie d’un ancien monde vers un nouveau monde basé sur de nouvelles valeurs.
Le renouveau auquel nous pouvons aspirer résiderait dans le retour d’un sentiment de révérence pour la planète Terre, vaisseau accueillant et forces abondantes, l’affirmation d’une sexualité sacrée fondée sur l’engagement, l’amour et la liberté redéfinie et la croyance en l’inévitabilité de la mort et l’immortalité de l’âme.
Danser le cycle naturel vie/mort/renaissance avec Démeter, Perséphone et Hadès
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